Summer Schools / Ecoles thématiques

Enaction and Cognitive Science / Enaction et sciences cognitives

Ecole 2007 : du 7 au 17 septembre 2007 - Fréjus (France)




Intervenants

Didier Bottineau (CNRS, UMR 7114 MoDyCo, Université Paris 10) : Langage et enaction pdf

L'objectif sera de montrer comment le paradigme de l'enaction est susceptible d'apporter un questionnement intégré et opérationnel aux différents niveaux d'applicabilité repérables en sciences du langage. On abordera ces différents niveaux selon trois angles d'attaques :

  1. Les niveaux d'historicité et de distribution de l'expérience langagière : (a) l'acte de langage ponctuel comme expérience instantanée de construction distribuée du sens et de l'action ; (b) la formation du savoir-faire linguistique individuel et de la personne subjective et social par la dynamique continue de l'expérience langagière ; (c) la formation de la langue comme système intégré de comportements verbaux intersubjectifs.
  2. Les niveaux traditionnels de fragmentation analytique de l'expérience langagière (lexique, grammaire : morphologie et syntaxe, prosodie ; mot, phrase, texte ; sémantique ; énonciation, interprétation, dialogue ; etc.) et leur redéfinition par neutralisation des oppositions : les formes linguistiques comme couplages sensori-moteurs prédisant le renouvellement d'expériences envisagées comme actions indissociablement corporelles et mentales.
  3. La pertinences des « figures de l'enaction » aux différents niveaux : autopoïèse / allopoïèse, modification réciproque et bouclée de l'individu et de l'environnement par l'expérience et l'action. Parmi les questions traitées, on se demandera si les composantes langagières comme le mot sont suffisamment individuées et autonomisées par les sujets en instance langagière pour pouvoir faire l'objet d'une modélisation à caractère autopoïétique (articulation et évolution des formes et sens des mots dans leurs rapports réciproques chez l'individu et dans les communautés ; changement historique du sens et de la forme lexicale, émergence de systèmes communautaires cohérents et distinctifs relativement à la norme médiatique qu'ils contribuent à modifier) ; on étudiera jusqu'à quel point la corporéité cognitive et la distribution intersubjective et intermodale remet en cause ou reformule la très importante question des représentations.

Ces questions générales feront l'objet d'illustrations concrètes au travers d'exemples dans des langues internationalement connues comme l'anglais et le français ou de langues plus « exotiques » comme le basque, le breton, l'inuktitut, le wallisien..., pour lesquelles on donnera un aperçu de ce que sont l'expérience langagière de la construction physiologique du sens partagé et médialisé par la verbalisation.

La présentation envisagera la mise en relation du paradigme de l'enaction à d'autres paradigmes actuels plus ou moins proches ou distants sur des questions particulières ciblées plutôt que de manière générale (linguistique cognitive, Distributed Language School , Columbia School / Phonology as Human Behaviour , cognition « à la française » et énonciation, cognématique et interaction cognitive, théorie des relations interlocutives, etc.).


Natalie Depraz (Universités de Rouen et de la Sorbonne) : Phénoménologie et enaction pdf

La phénoménologie est-elle au service de l'enaction, ou l'enaction au service de la phénoménologie ? Ces deux modes de relation décrivent les versants d'un lien incarné par des sujets différents. Dans le premier cas, c'est le scientifique cognitiviste qui fait usage de l'approche phénoménologique pour ouvrir le paradigme enactif à un horizon philosophique, tout à la fois méthodologique et ontologique ; dans le second cas, c'est le phénoménologue qui prend en considération l'avancée enactive des sciences cognitives pour opérer grâce à elle un renouvellement de la phénoménologie en direction de son opérativité expérimentale et pratique.

Bien évidemment, c'est le deuxième mode de la relation que je vais ici privilégier, d'une part parce que telle est la consigne proposée aux intervenants de cette Université d'été -- examiner les conséquences théoriques et méthodologiques du paradigme enactif pour ma discipline --, d'autre part parce que c'est effectivement cette orientation qui est pour moi motrice actuellement dans le cadre de mon inscription dans la phénoménologie elle-même.

Ceci dit, je ne peux faire état du rôle que joue l'enaction à titre de paradigme épistémologique pour inventer une autre phénoménologie (une autre philosophie) sans avoir au préalable fait droit, c'est-à-dire reconstitué les jalons historiques et théoriques qui permettent à un tel espace de refondation de se faire jour.

Aussi vais-je tout d'abord me situer sur le premier versant de la relation, celui où la phénoménologie est au service de l'enaction, car c'est à partir de là que s'est constituée la possibilité même d'un lien entre les deux. En reconstituant les différentes étapes de la constitution de ce lien, on fera apparaître le point de bascule possible à partir duquel la philosophie phénoménologique peut elle-même mobiliser l'enaction de façon féconde.

Le plan est le suivant :

  1. La mobilisation de la phénoménologie (Heidegger, Merleau-Ponty) dans le projet fondateur de la notion : F. Varela, E. Rosch, E. Thompson, The embodied mind (MIT Press, 1991).
  2. La transformation mutuelle de l'enaction et de la phénoménologie husserlienne : N. Depraz, F. J. Varela & P. Vermersch, On becoming aware : a pragmatics of experiencing (Benjamins Press, 2003).
  3. La neurophénoménologique (F. Varela, A. Lutz), un programme de recherche expérimental exemplaire de l'ontologie de la pratique comme épistémologie de référence.
  4. La phénoménologie comme empirisme transcendantal : la formulation philosophique de la méthode neurophénoménologique des contraintes génératives mutuelles (N. Depraz, Lucidité du corps. De l'empirisme transcendantal en phénoménologie , Kluwer, 2001).
  5. Phénoménologie pratique : le renouvellement de la phénoménologie par l'enaction (N. Depraz, Comprendre la phénoménologie : une pratique concrète (A. Colin, 2006).
  6. Un cas d'étude : l'attention au coeur de la phénoménologie pratique. Comment la méthode co-générative y est au service de la transformation de la phénoménologie.

Ezequiel Di Paolo (University of Sussex): Enaction begins in autonomy (and some forms of autonomy begin in play) pdf

The core ideas of the enactive approach to cognition (autonomy, experience, emergence, embodiment and sense-making) form a tight conceptual bundle. However, from a scientific perspective, the enactive "story" is at its most radical if it departs from the concept of autonomy. With this idea alone, enactivism confronts head-on one of the most overlooked challenges in contemporary cognitive science: the problem of identity.

An autonomous system is defined as a system composed of several processes that actively generate and sustain an identity under precarious conditions. By identity we mean the joint properties of self-distinction and operational closure. The two properties go hand in hand. Operational closure, in a non-trivial sense, indicates the property that among the enabling conditions for any constituent process in the system we will always find one or more of the other processes in the system (i.e., there are no component processes that are not conditioned by other processes in the network, which does not mean, of course, that other conditions external to the system are not necessary as well). Self-distinction therefore means that the network of enabling conditions (the relation of closure) defines which processes/components belong to the system. More strongly, the system actively affirms its identity through its own operation. By precarious we mean the fact that in the absence of the organization of the system as a network of processes, under otherwise equal physical conditions, isolated component processes would tend to run down or extinguish.?

We then find autonomous dynamics cropping up not only in the sustained processes of metabolism, but also at different levels (neural, sensorimotor, behavioural and social), with different durations (from transient neural activity, to goal-directed behaviour, to sustained games, to conversations, to careers), and possible conflicts.

What sort of conceptual and modelling tools can help us disentangle all these different and interacting modes of identity? Novel synthetic techniques allow us generate complex autonomous behaviour in robotic agents that we would not have been able to build by hand otherwise. Dynamical systems analysis provides not only the tools but also much of the conceptual framework for understanding such models and extracting relevant theoretical consequences from them. I will illustrate these points by presenting a recent model of behavioural preference where new goals emerge spontaneously in a robotic system using homeostatic neural dynamics. The model allows us to get an idea of how behavioural choices cannot be said to be generated by the agent's endogenous dynamics or by environmental impositions but always emerge from the mutual tuning between the two. The emerging picture is one of (behavioural) autonomy as the self-structuring of different modes of commitment to the performance of an action and its self-generated value, rather than the more paradoxical (and less useful) notion of causal self-determination.

Still, such models do not resolve other paradoxes of autonomy - such as that of freedom through constraint - that become apparent in play behaviour. I will briefly refer to what enaction can say about play as the locus where novel forms of autonomy are born.


Olivier Gapenne (UTC - Costech/GSP) : Psychologie et enaction pdf

Le projet de déploiement d'une psychologie scientifique dans le paradigme de l'enaction est embryonnaire. En ce sens, nous ferons en sorte dans le cadre de ce cours i) de définir une généalogie scientifique pertinente pour alimenter ce projet, ii) de repérer les éléments centraux d'un tel projet et iii) de tenter de les articuler pour leur donner une unité.

En référence aux travaux piagétiens notamment, nous insisterons sur l'ancrage biologique et corporel de la cognition comme acte et sur la dimension relationnelle de cet acte inscrit dans une genèse et un contexte/une situation. Ce sera donc la filiation d'un constructivisme génétique qui sera ici privilégiée. Par ailleurs, nous serons conduit à considérer le flux cognitif comme étant celui du flux de l'expérience consciente, cette dernière pouvant concerner des niveaux de conscience variés à différentes échelles de temps (micro, onto et phylogénétique). Il conviendra par ailleurs de traiter des relations qu'entretient l'expérience vécue avec le comportement et/ou l'activité neuronale, et les conséquences théoriques et méthodologiques de la prise en compte de ces relations. Enfin, nous esquisserons les voies d'études des activités cognitives dites abstraites impliquant, dans le processus de leur constitution,   les dimensions linguistiques, culturelles, sociales et techniques.


Thierry Giannarelli

Pour cette prochaine université d'été je présenterai la pièce «  Quoique par ailleurs  » écrite pour le Dispositif d'Implication perceptive (DIP).

Qu'est ce que le DIP. Le DIP est un nouvel outil d'expression artistique qui utilise la technologie des vibrateurs neuromusculaires de telle sorte que le spectateur se sente impliqué dans l'acte artistique en train de se vivre. Cette implication est   étonnante, intense et agréable et concerne autant l'écoute (musique, poème, ...) que la vue (vidéo, photos, danse, ...) ou le tact (pièce interactive). J'ai nommé subaction poétique l'événement artistique produit par le DIP.

Le DIP est proposé et conçu, par Thierry Giannarelli. Le DIP est un partenariat avec J.P. Roll, directeur du laboratoire de neurophysiologie humaine (CNRS, Marseille). Le DIP est soutenu par le DICREAM (Ministère de la culture, aide à la maquette en nouvelle technologie).

Nous défendons l'idée que l'oeuvre d'art prend forme dans la conscience corporelle de celui qui la reçoit. Ce ne sont pas deux oreilles et un cerveau qui écoutent une musique, ce ne sont pas deux yeux et un cerveau qui regardent une peinture, il y faut toujours et nécessairement un corps où s'incarne une sensation corporelle.

Recevoir le « sens » d'une oeuvre d'art, c'est se mettre en empathie, c'est-à-dire dans une présence corporelle où nous sommes tout au bord d'une action, tout au bord de faire un geste et que cela malgré tout reste invisible. Éprouver c'est la conscience que l'on a de ce geste invisible. Eprouver, percevoir, imaginer sont alors des expériences très proches (à leur propos les biologistes parlent parfois « d'actions simulées »). C'est par cette empathie que l'artiste transmet son « monde intérieur », à « la corporalité complice » du spectateur. Par empathie, le spectateur éprouve l'oeuvre d'art « dans la chair de son esprit ».

Dans le DIP nous utilisons les vibrateurs neuromusculaires non pas dans l'intention de donner à vivre une sensation de mouvement (ce qui malgré tout sera) mais pour créer une activation des fuseaux neuromusculaires qui soit une perturbation sensorielle à partir de laquelle le spectateur pourra composer des sensations corporelles semblables à celles qui apparaîtraient dans l'empathie (ce qui nécessite la complicité consciente du spectateur).

Une sub-action poétique, ce sont des images, du son, des sensations de mouvement avec lesquels le spectateur invente un « sens » (c'est-à-dire une cohérence perçue) et ce « sens » est comme enraciné dans notre présence corporelle. De cet enracinement naît une intensité artistique étonnante.

Quoique par Ailleurs. Cette pièce (une « subaction partagée » lors de laquelle un artiste intervient en direct) écrite pour le prototype du DIP est une première tentative pour rejoindre le sentiment de constitution de l'être. Comme si je cherchais à faire vivre le processus même de la constitution de soi même, à partir d'un ailleurs atteindre ici.


Charles Lenay ( UTC - Costech/GSP) : Technique et Enaction pdf

L'approche énactive de la cognition permet de comprendre comment les outils et environnements techniques servent de support à l'activité cognitive (cognition située). Aussi bien dans le temps de la phylogenèse (Leroi-Gourhan) que dans le temps de l'histoire humaine, on voit que la technologie est anthropologiquement constitutive. Des technologies cognitives comme l'écriture rendent possible aussi bien de nouvelles opération cognitives individuelles par extériorisation de la mémoire et spatialisation de l'information (Goody), que le développement de nouvelles connaissances scientifiques, comme la géométrie (Husserl), ou la linguistique (Auroux),... Pour comprendre comment il faut montrer que l'espace d'action et l'espace de l'expérience perceptive et cognitive ne font qu'un. La distinction entre un pôle intérieur et un pôle extérieur se renégocie sans cesse dans le cours de l'activité. L'outil sert de transition entre ces deux pôles. En effet, il se présente suivant deux modes d'existence. Soit l'outil saisi, dispositif de couplage qui faisant partie du corps propre donne à percevoir (sans être lui-même perçu). Soit l'outil déposé, objet perçu devant soi, modifiable et échangeable.


Michel Le Van Quyen (Neurodynamics Group LENA-CNRS UPR640, UPMC ) : Disentangling the dynamic core: a research program for a neurodynamics at the large-scale pdf Associated video

My purpose of my talk is to sketch a research direction based on Francisco Varela's pioneering work on neurodynamics. Very early, he argued that the internal coherence of every mental-cognitive states lies in the global self-organization of the brain activities at the large-scale, constituting a fundamental pole of integration called here a "dynamic core". Recent neuroimaging evidence appears broadly to support this hypothesis and suggests that a global brain dynamics emerges at the large scale level from the cooperative interactions among widely distributed neuronal populations. Despite a growing body of evidences supporting this view, our understanding of these large-scale brain processes remains hampered by the lack of a theoretical language for expressing these complex behaviors in dynamical terms. In my talk, I will propose a rough cartography of a comprehensive approach that offers a conceptual and mathematical framework to analyze spatiotemporal large-scale brain phenomena. I emphasize how these nonlinear methods can be applied, what property might be inferred from neuronal signals and where one might productively proceed for the future.


Claire Petitmengin (INT - CREA) : La dynamique pré-réfléchie de l'expérience vécue pdf

Je voudrais essayer de partager ce que j'ai découvert, ce qui m'a le plus étonnée depuis que j'ai commencé à étudier concrètement l'expérience vécue, avec des outils adaptés. Ces étonnements pourraient se résumer de la manière suivante.

L'expérience vécue est en grande partie pré-réfléchie, mais il est possible, grâce à certains gestes intérieurs et procédés précis, de prendre conscience de cette part pré-réfléchie et de la décrire. Cette expérience n'est pas un brouillon, mais possède une structure, et notamment une structure dynamique bien précise, ce qui a plusieurs conséquences. 1) Comme les gestes qui permettent de prendre conscience de l'expérience vécue et de la décrire ont eux-mêmes une structure, il est possible de les décrire, de les comparer, de les affiner et de les contrôler, ce qui rend possible une étude rigoureuse, une science de la conscience. 2) L'exploration de cette micro-structure dynamique vient supporter la vision énactive de la cognition, suivant laquelle le pôle connaissant et le pôle connu, l'esprit et le monde, se déterminent l'un l'autre. 3) Enfin, c'est parce que notre expérience vécue a une structure dynamique, dont il est possible de prendre conscience, que nous pouvons la transformer.


Gretchen Schiller (School of Arts, West London, Brunel Univerisity & CIE Mo-vi-da, France) : Choreographic interactive systems - Movement as a field of metaphor and perception.

We tend to think of choreography as being an art form based primarily on the figurative and trained body dancing.  My work in videodance and interactive installation seeks to explore another aspect of dance or physical expression – that is the articulation of physicality across material forms, dynamic systems and processes.
In other words, I am interested in how the inanimate and animate converge together as ‘dances’ and experiential movement fields.

The focus of my art work and research invites the general public to become involved in movement fields which both anchor and suspend the notion of the biological/environmental body.  The intent is to introduce relationships between movement and metaphor which awaken our attention to the richness of physical expression and narrative through embodied practice and involvement.

The three key areas I would like to address at this workshop are:

This presentation will use historical references, experiential exercises and artistic projects such as trajets 07, pas and circulari to articulate these above points.


Evan Thompson (cancelled)

My presentation will explore the implications of enactive cognitive science for our understanding of consciousness and its biological basis. My starting point is the enactive proposal that consciousness depends crucially on the manner in which brain dynamics are embedded in the somatic and environmental context of the animal's life, and therefore that there may be no such thing as a minimal internal neural correlate whose intrinsic properties are sufficient to produce conscious experience (Thompson and Varela 2001). I will develop this proposal both by defending it against recent criticisms of the enactive approach on behalf of the orthodox neurocentric viewpoint and by exploring its implications for our understanding of the biological basis of selfhood and subjectivity.


Steve Torrance (Universities of Middlesex and Sussex) : Consciousness and Value: Enactivist Insights. Spinoza as a proto-Enactivist? pdf

(no abstract)


Bernard Victorri (Lattice-CNRS, ENS) : Une approche constructiviste du sens linguistique pdf

L'objectif de cette intervention est de montrer que l'étude linguistique du processus de construction du sens d'un énoncé conduit à définir ce sens comme la production d'une "scène verbale" au sein d'un espace intersubjectif commun aux interlocuteurs. Cette approche s'inscrit assez naturellement, me semble-t-il, dans le paradigme de l'énaction, dans la mesure où elle permet de mieux comprendre la spécificité de la cognition humaine : celle-ci résulterait de l'intégration de deux niveaux (cognition individuelle et cognition sociale), correspondant aux deux systèmes autopoïétiques caractéristiques des humains, intégration qui aurait été permise par la stabilisation et la structuration de ces espaces intersubjectifs dans l'activité de langage.

Nous partirons de l'étude concrète, par des méthodes linguistiques classiques, de marqueurs grammaticaux choisis dans différents domaines de la sémantique grammaticale (anaphore-déixis, aspectuo-temporalité, modalité). Nous constaterons que l'analyse de ces marqueurs posent des difficultés très sérieuses aux diverses théories sémantiques "objectivistes", qu'elles soient structuralistes, référentialistes ou cognitivistes, puisqu'elles doivent attribuer des sens différents à chacun de ces marqueurs suivant leurs emplois. Nous montrerons que l'on peut au contraire comprendre ce qui fait l'unicité de leur comportement sémantique si on les décrit comme des éléments de construction de scènes verbales dans un espace intersubjectif dont on cherchera à déterminer précisément le statut phénoménologique. Cela nous conduira à définir l'activité de langage comme une activité de représentation, non pas au sens habituel en sciences cognitives, mais au sens premier de son étymon latin : repraesentare = rendre présent . Nous nous pencherons alors sur la place de ces scènes verbales dans l'activité cognitive de chaque interlocuteur et nous développerons l'idée d'une intégration, grâce à ces scènes verbales partagées, de deux formes de cognition, une cognition individuelle et une cognition sociale, produites par deux systèmes autopoïétiques de niveau différent. Enfin nous émettrons une hypothèse sur l'origine évolutive du langage humain, fondée sur le rôle de la narration dans la structuration des sociétés humaines, qui pourrait expliquer cette spécificité essentielle de notre espèce.